Les freins de l’Ecommerce au Maroc
L’E-commerce a le vent en poupe, c’est un fait. Avec une croissance de plus de 21% annuellement, le shopping en ligne est très bien parti. Pour illustrer ces propos, aujourd’hui, près d’une personne sur cinq a assimilé les courses en ligne à son quotidien, et ce n’est pas près de s’arrêter. La transition est là, visible, bien qu’elle le soit plus dans le milieu urbain que rural.
Loin devant, le prêt-à-porter caracole en tête des achats en ligne au Maroc (près de 70% des transactions), dépassant de loin le paiement de factures, redevances, entre autres voyages et divers services.
Ceci dit, il faut savoir que le commerce numérique n’impacte pas significativement l’économie marocaine. En effet, avec 7 milliards de DH (soit 0,4% du PIB), l’E-commerce ne représente qu’une faible parcelle du commerce global marocain (qui représente près de 300 Milliards de MAD. Un chiffre qui serait amené à évoluer avec le temps, au vu du retard affiché de notre beau pays dans le domaine. En effet, avec un marché mondial estimé à près de 60.000 milliards de dollars, soit pratiquement 600 fois l’économie marocaine, le commerce numérique a du potentiel.
D’un point de vue africain, le Maroc se classe 7ème, derrière l’Île Maurice (58e), la Tunisie (70e), l’Afrique du Sud (76e), le Nigeria (79e), le Kenya (88e) ou encore la Namibie (94e). Au niveau régional, Il est devancé par les Émirats arabes unis (28e), le Qatar (47e), l’Arabie Saoudite (49e), la Turquie (35e), le Koweït (55e)…
Il y a donc un certain paradoxe. Le Royaume est parmi les mieux équipés en infrastructures de télécommunications de base, avec des taux d’abonnement mobile élevés (46 millions d’abonnements) et des équipements de téléphonie intelligente (plus de 88%) … et il est parmi les derniers de la catégorie e-commerce en Afrique.
Les données ANRT confirment cette mauvaise performance. Les « achats en ligne » ne sont pas une priorité pour l’utilisateur lambda. En d’autres termes : les Marocains sont décidément de grands fans de smartphones, qu’ils utilisent essentiellement pour naviguer sur les réseaux sociaux, consulter les actualités, les sports, les jeux, les divertissements et les vidéos. Le e-gouvernement et le e-commerce sont en bas du classement.
Selon les experts de la conférence « Digital Work by Inwi » qui s’est tenue le 3 décembre, plusieurs facteurs expliquent la mauvaise performance du e-commerce au Maroc. Parmi les raisons avancées, les moyens de paiement qui privilégient toujours le cash.
Cependant, les paiements e-commerce les plus fréquents sont associés aux factures, aux frais d’eau et d’électricité, aux autocollants, aux taxes et aux frais … Outre la préférence en espèces, il existe des obstacles culturels. Le marocain préfère toucher le produit pour le tester avant de l’acheter. De plus, les commerçants préfèrent les billets de banque.
Les paiements mobiles ont du mal à décoller au Maroc, notamment en raison de la réticence des commerçants qui voient cette technologie comme un moyen de contrôle de leurs revenus. Pour les encourager à adhérer, un amendement a introduit une réduction de 25% de l’assiette fiscale correspondant au chiffre d’affaires généré par les téléphones portables.
La crise sanitaire que nous traversons a changé notre façon de travailler, de consommer et de vivre. L’importance d’accélérer la numérisation de tous les processus est évidente. Depuis mars dernier, de nombreuses entreprises traditionnelles ont déplacé leurs services vers Internet en créant des sites Web commerciaux.
Quel avenir pour l’e-commerce au Maroc ?
Il ne fait aucun doute qu’un pas en avant majeur a été franchi dans la construction d’un climat de confiance pouvant encourager l’achat de ligne au Maroc, depuis la crise de la Covid-19. Cependant, de nombreux doutes subsistent sur la satisfaction des clients quant aux services qui leur sont fournis par les sites de commerce électronique, en particulier les perturbations de livraison et les problèmes d’approvisionnement.
Il faut également noter que le recours des consommateurs à des sites commerciaux ne peut en aucun cas être considéré comme un fruit pour développer des stratégies marketing pour les entreprises marocaines. Il s’agit simplement d’une perturbation inattendue du comportement des consommateurs due à une crise épidémique. Du coup, pour pouvoir combler cette fracture numérique qui afflige de nombreuses entreprises, il faut d’abord arrêter de considérer le numérique comme un luxe, mais un besoin vital.
Par conséquent, les entreprises marocaines sont encouragées à redoubler d’efforts marketing pour fidéliser leurs nouveaux clients une fois la crise passée. Il s’agit d’un objectif stratégique, pouvant être largement atteint grâce à une bonne gestion de la relation client. Le marketing digital joue également un rôle critique, car il permet aux plateformes de vente de répondre aux standards SEO adoptés par les moteurs de recherche, afin de réussir à augmenter leur visibilité et à convertir leurs visiteurs en clients. Cela signifie la nécessité de qualifier les ressources humaines pour pouvoir définir et mettre en œuvre cette aventure numérique.